Écouter et accompagner les émotions

24/04/2016 23:27

Aujourd'hui j'ai dû aller faire quelques courses, un samedi au supermarché, mais quelle idée?!

Liste en poche, j'explique à Bibou le déroulement des choses, je sais que pour lui le supermarché peut être trop stimulant alors nous allons faire vite. Faire vite? Un samedi? Oui je sais d'avance que nous allons devoir être patient lors de l'attente en caisse...

Nous faisons les courses, Bibou m'imite en ajoutant ce qui se trouve à sa porté dans le caddie. J'interviens en lui expliquant que je n'ai besoin que de ce qui se trouve sur la liste, que j'ai besoin qu'il m'aide à trouver ceci ou cela. Le jeu fonctionne bien, Bibou adore aider et mettre dans le caddie. Nous passons près du rayon des biscuits apéritifs, Bibou attrape un paquet et demande à aller dans le caddie pour l'ouvrir. Je lui explique que nous devons attendre d'être à la caisse pour cela. Il s'assoit et patiente son paquet dans les bras. Je fini enfin les courses et nous nous dirigeons vers la caisse. Bibou montre des signes d'impatience, il gesticule dans le caddie, demande d'ouvrir le sachet,... Je verbalise les choses, je sais qu'il a besoin que je comprenne ce qu'il ressent. Arrivé en caisse Bibou demande à ouvrir le sachet, j'explique qu'il faut d'abord le payer et là c'est le drame. Mon fils est submergé par ses émotions, entre la stimulation du magasin et la patience dont il a fait preuve, il n'arrive pas comprendre pourquoi je refuse et, il a raison!!! Lorsqu'il a demandé à ouvrir le sachet la première fois, je lui ai dis d'attendre d'être en caisse pour le faire, je n'ai pas utilisé les bons mots et mon fils ressent une injustice! J'explique les choses, je verbalise ses émotions, je m'excuse de m'être trompé le rendant si triste... Un client intervient "oh le vilain pas beau!"... Occupé à accompagner mon fils, j'essaie tant bien que mal de rester dans notre bulle, de ne pas me laisser submergé par ce que je ressens. Je bouillonne intérieurement, j'ai envie de l'envoyer balader, de lui demander au nom de quoi il se permet d'intervenir en tenant de tels propos!.. Je reste focalisé sur Bibou, je lui explique qu'il a le droit d'être triste et en colère et que personne n'a le droit de juger ses émotions. Que nous ne sommes pas "vilain pas beau" peu importe ce que l'on ressent. Que ce monsieur n'avait pas à intervenir dans notre échange. Bibou s'apaise dans mes bras, je lui parle doucement dans l'oreille, nous sommes parvenu à rester dans notre bulle malgré l'intrusion de cet inconnu. Notre tour arrive, je règle et Bibou ouvre le sachet, un sourire satisfait de pouvoir enfin le faire.

Je n'ai jamais compris ce besoin d'intervenir en rabaissant un enfant lorsqu'il ressent de la tristesse ou de la colère. À croire que l'enfant doit refouler ses émotions pour se montrer uniquement sous les émotions tolérées par les autres. Je trouve difficile d'imposer à un enfant de refouler ce qu'il ressent quand nous même en tant qu'adulte, nous sommes parfois dépassé par nos propres émotions. Parce que dans notre société un enfant qui est frustré est un capricieux que dis je, un manipulateur qui ne cherche qu'a nous nuire!!! Dès la naissance, il faut laisser pleurer pour ne pas se faire avoir, il ne faudrait pas que notre enfant puisse compter sur nous tout de même... Répondre à ses appels? Accompagner ses émotions? Cela semble encore trop souvent perçu comme une faiblesse. L'adulte doit être supérieur à l'enfant, il est adulte donc il sait, l'enfant doit se conformer à ce que la société attend de lui. A la maison, nous sommes sur un pied d'égalité, et rassurez vous, mes enfants ne sont pas des petits monstres manipulateur de parent laxiste. J'apprends à mes enfants à comprendre et accompagner leurs émotions , elles ont toutes une importance et doivent pouvoir s'exprimer librement. Je ne sais pas si cela a un rapport ou non mais mes enfants font preuve de beaucoup d'empathie.

Je viens d'une famille pratiquant la VEO ( violence éducative ordinaire), refouler ses émotions et ne rien laisser paraître, c'est ainsi que j'ai grandis. Je suis une frustrée des sentiments, gagner ma confiance relève d'un parcours du combattant, j'ai beaucoup de mal à me comprendre... comme si mes émotions "négatives" ne devaient pas exister, être exprimer, ...Autant avec mes enfants, je trouve facile de mettre un mot sur une émotion, autant en moi c'est une tempête indomptable. Cela m'a toujours semblant évident qu'un enfant qui sait gérer ses émotions deviendra un adulte épanoui. J'ai beaucoup lu sur le sujet pour accompagner mes enfants, Isabelle Filliozat est ma référence, je ne sais combien de fois j'ai lu "au cœur des émotions de l'enfant".

Avec le temps j'ai appris à verbaliser mes émotions pour mes enfants. Comment pourraient ils comprendre que maman ne sait pas exprimer ce qu'elle ressent? Alors il me reste à présent à apprendre à gérer au lieu d'enfouir les émotions que personne ne veut voir. Comme quoi, on peut avoir grandi avec la VEO, être une frustrée des émotions et réussir à accompagner ses enfants avec bienveillance, tolérance et respect.